nathalie smaguine, artiste peintre
une introduction possible à l’œuvre de l’artiste.
l’art, comme l’amour, est plénitude et tourment.
la plénitude est son but, sa condition est le tourment .
nous savions que l’art était le but suprême de la science; vérité qui fut enfouie (pour ne pas dire ensevelie) par des siècles d’illusions jusqu’à notre époque moderne, car la science cachait (cache) ce qui la déterminait (détermine), son secret : la recherche de la jouissance qui est l’équivalent de la vérité.
cette recherche de la vérité (jouissance) camouflait soigneusement (et de générations en générations) le but suprême de la vie humaine: l’accès au plaisir – c'est-à-dire à une sexualité accomplie.
l’art de nathalie smaguine consiste justement (et "justement" est le terme adéquat!) à ré-éclairer les voies qui y mènent – à la reconnaissance du but suprême – au plaisir sexuel, à la rencontre inégalée d’une femme nue et d’un homme nu, rencontre qui contredit ce que nietzsche nommait "la philosophie pratique du pessimisme".
toute l’œuvre de nathalie smaguine concourt à cette pratique de l’optimisme de l’amour, à l’acte sexuel qui réalise l’humanité de l’humaine et de l’humain.
il y a l’intention de l’artiste et il y a le choc esthétique; émotionnel, que son œuvre suscite.
si l’intention peut se rationnaliser, il n’en demeure pas moins que toute critique, toute tentative d’"expliquer" l’œuvre d’art ne sert qu’à faire chuter celle-ci dans l’utilitarisme, à la réduire, au final, en ustensile.
ceci se conçoit clairement si l’on considère que l’œuvre d’art est toujours expression de la sexualité; même de façon "innocente" ou détournée. l’attrait de l’œuvre d’art est donc un indice du plaisir sexuel que l’amatrice et l’amateur éprouvent (peut-être à leur corps défendant).
mais nous sommes ainsi constitués que cet attrait ne se résout pas en un acte simple mais est tissé des fantasmes qui nous composent.
ce à quoi aboutit le travail de l’artiste, de nathalie smaguine, c’est de percevoir l’énergie fantastique de cet acte. il serait donc inutile de chercher dans son œuvre une "photographie" – pour satisfaire la frayeur des figuratifs – des corps copulatoires, ou même un "scanner" – pour satisfaire la désillusion a-sexuelle des modernes – de l’acte sexuel. nathalie smaguine figure, sans être figurative, mais n'est pas non plus abstraite de l’évidence des corps que l’on peut ainsi reconnaître car elle et lui sont de notre monde, ils nous figurent!
les corps de nathalie smaguine sont des réservoirs de cette énergie nucléaire, incompressible, potentiels d’amour et de vérité.
si l’on peut énoncer "là est l’énergie amoureuse, sexuelle" nul ne peut en dessiner les contours, car dans cet espace amoureux, la fluence n’infirme pas la stabilité.
en ce domaine la science positive est insuffisante car l’œuvre de nathalie smaguine se meut dans un espace de métamorphoses qui abolit les cadres (plus ou moins souples, d’ailleurs) de la raison scientifique, et à sa suite une certaine conception de l’art, pour laquelle la matérialité (telle qu’on la conçoit ordinairement) reste le garant définitif.
avec la sexualité – et malgré les tentatives bio-(neuro)-philosophiques – le cadrage des formes, des couleurs, des parfums et des sons, répugne à "coller" à l’art, à rapporter les sens et leurs mises en actions à de quelconques normes, aussi esthétiques (et pourquoi pas "régulières"!) qu’elles fussent. l’art s’est, depuis longtemps, affranchi des barrières idéales, socialement acceptables. nathalie smaguine continue ce long et lent travail d’érosion des normes, sans abandonner ce qui forme l’axe de son œuvre, la matérialité de son activité esthétique : la mise à jour de l’expression du bonheur. là où nietzsche aurait placé le retour de dyonisos à apollon, car c’est de lumière, d’enchantement, de joie dont il est question ici.
nathalie smaguine se sert de la moindre coïncidence entre deux éléments picturaux quelconques afin de les lier en une formule resserrée d’où l’œuvre apparait, en fondant une cohésion indestructible entre ses intentions et son geste, en rendant visible la profonde humanité qui la guide, telle une boussole infaillible dans une quête de la perfection amoureuse, qui est, au juste, son humanité même.
l’œuvre de nathalie smaguine a pour effet de rénover nos bagages esthétiques, de nous affranchir des regards méthodiques – quasi religieux – qui ne décèlent dans l’art que des systèmes ou des chaos.
son art, à elle, ne consiste pas à dérouler la ronde moderne des déconstuctions et des rebâtissages – ces sortes de roueries théoriques – plus aptes à fabriquer des eisegèses qu’à rechercher la vérité sexuelle qui fournit sa matière et sa mission à l’art, dans quelque langage esthétique que ce soit. ceci est l’indice (la preuve, même!) de l’effondrement actuel et momentané (mais jusqu’à quand?) de l’espérance amoureuse.
des révoltes commencent à poindre contre cette désespérance, sexuelle et artistique. nathalie smaguine, quant à elle, sans se soucier des partis pris, poursuit son travail titanesque, prométhéen oserais-je dire, de restituer au couple d’une femme nue et d’un homme nu le sentiment de la jouissance accessible.
cette nouvelle prométhée démontre par son travail acharné sa lutte contre les simulacres, les fictions fallacieuses d’un art décrépi et hautement coté en bourse. la fiction de Nathalie Smaguine, toute imprégnée de son extraordinaire élan, ne recherche pas la cité idéale de l’art absolu, mais la beauté inexprimable de l’amour humain, dans sa gestuelle la plus intime, la plus différenciée et la plus fusionnelle possible de ces deux êtres absolument différents et pourtant si unis. C’est donc en véritable messagère d’un nouveau printemps amoureux que nous annonce nathalie smaguine, printemps lui aussi d’un art véritablement amoureux des corps et non de leur ombre.
de même que si deux sont les sexes infinie est la sexualité, les variations de formes et de couleurs, de masses et de proximités ou de contrastes, trouvent chez l’artiste une palette flexible qui conforte,
par la justesse de leurs combinaisons, la thématique et ses multiples métamorphoses, régal de l’amatrice et de l’amateur, dont l’impartialité esthétique permet, avec patience, à s’approprier l’œuvre et sa sensation.